130 pays soutiennent le projet de l’OCDE de fixer un taux d’imposition minimum mondial sur les sociétés
Environ 130 pays ont convenu d’un impôt minimum mondial, avec le soutien du président américain Joe Biden, dans le cadre d’un effort mondial visant à empêcher les entreprises multinationales d’échapper à l’impôt en transférant leurs bénéfices vers des pays à taux plus bas.
L’accord annoncé jeudi est une tentative de relever les défis posés par une économie de plus en plus mondialisée et numérique où les bénéfices peuvent être déplacés au-delà des frontières et les entreprises peuvent réaliser des bénéfices en ligne là où il n’y a pas de siège social imposable.
L’accord stipule une taxe mondiale minimale d’au moins 15%, un élément clé que Biden a poussé alors qu’il cherche à générer plus de revenus pour ses plans d’infrastructure et d’énergie propre. Il reste encore des détails techniques à régler et il faudra au moins 2023 avant que l’accord n’entre en vigueur.
L’accord, annoncé par l’Organisation de coopération et de développement économiques basée à Paris, prévoit également l’imposition d’une partie des bénéfices des plus grandes entreprises mondiales dans les pays où elles font des affaires en ligne mais peuvent ne pas avoir de présence physique.
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, l’a qualifié de « plus important accord fiscal international depuis un siècle ».
Yellen soutient le plan
Des pays dirigés par la France ont déjà commencé à imposer des taxes numériques unilatérales ciblant les géants américains de la technologie tels qu’Amazon, Google et Facebook ; En vertu de l’accord, ils accepteraient de retirer ces taxes, que les États-Unis considèrent comme des pratiques commerciales déloyales, au profit d’une approche globale.
Une taxe française sur les géants de la technologie a conduit à des tarifs de représailles sous l’ancien président américain Donald Trump, et la France a salué la pression de l’administration Biden pour un accord mondial.
« Les géants du web doivent payer leur part d’impôts lorsqu’ils ont des activités », a-t-il déclaré. « Il n’y a aucune raison pour qu’une petite ou moyenne entreprise paie plus d’impôts qu’un géant de l’Internet simplement parce qu’elle est physiquement située dans le pays dans lequel elle opère. »
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, l’a qualifié de « journée historique ».
« Pendant des décennies, les États-Unis se sont engagés dans une concurrence fiscale internationale autodestructrice, abaissant nos taux d’imposition des sociétés uniquement pour voir d’autres pays baisser en réponse », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Le résultat a été une course mondiale vers le bas : qui pourrait réduire le plus le taux de son entreprise, plus rapidement ? »
Yellen a déclaré que la baisse des taux a privé les pays de fonds pour les infrastructures, l’éducation et les efforts de lutte contre la pandémie.
Manal Corwin, directrice de la fiscalité de la société de services professionnels KPMG et ancienne responsable du Trésor, a déclaré que l’accord collectait les « grandes parties » d’un accord global, bien que les complications techniques doivent encore être résolues. Ce qui a été approuvé, a-t-elle dit, était « en grande partie la proposition des États-Unis », notant qu’il était « extrêmement important » pour les États-Unis d’obtenir l’engagement d’autres pays de retirer leurs taxes numériques unilatérales.
En vertu de l’accord, les pays peuvent imposer les bénéfices de leurs sociétés étrangères jusqu’à 15 % s’ils ne sont pas imposés par l’intermédiaire de filiales dans d’autres pays. Cela supprimerait l’incitation à utiliser des systèmes comptables et juridiques pour transférer les bénéfices vers des pays à taux plus bas où ils font peu ou pas d’affaires, car les bénéfices seraient de toute façon imposés chez eux.
Les 139 pays qui ont rejoint les pourparlers n’ont pas tous signé l’accord. Le ministère irlandais des Finances a déclaré qu’il avait « un large soutien » pour l’approche utilisée dans l’accord mais ne pouvait pas accepter le minimum de 15 pour cent. Le ministre des Finances Pascal Donohoe a déclaré que les 12,5% du pays étaient un « taux juste ».
L’Irlande a une politique fiscale notoire en matière de propriété intellectuelle, ce qui explique en grande partie pourquoi de nombreuses entreprises technologiques, dont Google et Apple, ont de vastes opérations dans le pays. Google a fait l’objet d’un examen minutieux il y a quelques années pour créer ce qu’on appelait un « double sandwich irlandais » dans lequel des milliards de dollars de bénéfices étaient mélangés entre deux filiales en Irlande et une aux Pays-Bas, afin d’économiser plus de 6 milliards de dollars d’impôts.
Les îles Caïmans promettent leur soutien
La liste des signataires comprenait les Bermudes et les îles Caïmans, que les économistes considèrent comme des paradis fiscaux, et de grandes puissances comme la Chine et l’Inde.
D’autres discussions sont attendues lors de la réunion des ministres des Finances du G20 à Venise la semaine prochaine, avant l’approbation finale par le sommet du G20 des dirigeants des pays en octobre. Proposer d’imposer les sociétés qui ont des revenus mais pas de présence physique obligerait les États à s’enregistrer dans un accord multilatéral, tandis qu’un impôt minimum sur les sociétés pourrait être adopté par chaque État par le biais de la législation nationale sur une base volontaire.
Les fiscalistes affirment que l’approche volontaire pourrait fonctionner si elle était adoptée par les pays où de nombreuses multinationales ont leur siège, comme les États-Unis et l’Europe, en indiquant clairement aux entreprises que même si elles évitent les impôts en transférant les bénéfices à des filiales à l’étranger, l’approche volontaire pourrait fonctionner, ces bénéfices seront imposés. A la maison au minimum.
Aux États-Unis, Biden a proposé un taux minimum de 21 % sur les bénéfices offshore pour les grandes sociétés américaines afin de les dissuader de transférer leurs bénéfices vers des paradis fiscaux. La taxe américaine de Biden doit d’abord passer par le Congrès, où le président démocrate n’a qu’une faible majorité.